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Publicité et consommation de médicaments : COMMUNICATIONle lien est étroit Gert Laekeman,
Mais où se situe dans ce débat le patient- consommateur ? En Belgique, la publicité L’impact de la publicité sur la visant le grand public est autorisée uniquement consommation de médicaments est tel pour les médicaments non soumis à ordon- nance. Une commission de la Santé publique évalue chaque sujet d’une publicité télévisée.
Une publicité adressée directement au patient libéraliser le secteur de publicité du (Direct to Consumer Advertising) concernant médicament. Une mesure à laquelle des médicaments soumis à ordonnance est nous échappons… pour l’instant ! encore inconnue chez nous. Aux Etats-Unis, les patients sont soumis à celle-ci depuis au moins dix ans. La condition de diffusion d’une telle Qui cherche une information objective à proposdes médicaments peut la trouver. Mis à partMinerva1, le Centre belge d’informationpharmacothérapeutique (CBIP) en est unexemple. En nous basant sur le nombred’abonnés, l’opinion des lecteurs et l’intérêtmanifesté pour les sites web, nous pouvonsconclure à une consultation fréquente de cessources.Tout comme Minerva et le Centre belged’information pharmacothérapeutique, l’indus-trie pharmaceutique tente d’étayer soninformation (publicitaire dans son cas) sur desréférences issues de la littérature internationale.
Tout semble donc scientifique (Evidence-BasedMedicine - EBM). Une étude récente montrecependant que 69 % de l’information publici-taire à propos des médicaments anti-hyper-tenseurs n’est pas correctement étayée. Quellesquestions devons-nous nous poser pour évaluerl’information publicitaire ? • Dans quelle mesure les références citées se publicité est la mention adéquate des principaux risques, des effets indésirables, des contre- • Dans quelle mesure l’objet de l’étude citée l’efficacité clinique. Les débats portent sur en référence correspond-il aux propriétés et l’interprétation du terme « adéquat ». Entre Mots clefs
1996 et 2000, l’investissement financier dans • Quelle est la valeur d’extrapolations d’une le Direct to Consumer Advertising a augmenté de 312 % (de $ 791 à $ 2.467 millions).Le • Quelle est l’homogénéité de la population à montant consacré à la publicité télévisée a été multiplié par un facteur 7 (de $ 220 à $ 1.574 • Il est important de ne pas généraliser sans millions). En l’an 2000, le top cinq des réserve et de rester vigilant face à une médicaments vantés par ce biais concernait le publicité « confortée » par des références à Vioxx® ($ 161 millions), l’IPP Prilosec®, la Claritine®, l’anxiolytique Paxil® et le Zocor®.
Santé conjuguée - juillet 2005 - n° 33
Publicité et consommation de médicaments : le lien est étroit Durant la même année, une somme de $ 13,24 médecin reste la figure centrale de la démarche milliards était consacrée à la publicité auprès de prescription, et celle-ci ne se produit qu’au des professionnels, soit une augmentation d’un terme d’une discussion approfondie. Selon ces facteur 1,6 par rapport à l’année 1996.
défenseurs, la relation patient-médecin devientplus adulte et le patient prendra ses médica- Que rapporte ce tapage publicitaire ? Des ments plus fidèlement. Les patients sont en tout chercheurs canadiens ont étudié l’impact de la cas servis selon leur demande. Le téléspectateur publicité télévisée sur le comportement des américain moyen voit, par jour, neuf messages patients dans deux états soumis aux spots télévisuels concernant des médicaments soumis publicitaires de la télévision américaine. Ils à prescription. Dans un tel contexte, la transition concluent qu’un nombre plus élevé de ces spots de a pill for every ill vers an ill for every pill va de pair avec une demande significativement plus importante de médicaments, dans laquelleles médicaments promus se distinguaient La consommation de médicaments est relative- principalement. Ils ont en effet montré que les ment importante en Belgique. Il existe en Flandre un lien direct entre le fait de regarder ordonnance pour un médicament que la télé- la télévision et celui de consommer des anal- vision leur avait fait connaître. Ils identifiaient gésiques en vente libre. Ce lien persiste même également mieux leurs plaintes comme devant après correction d’autres facteurs comme être traitées par le médicament recommandé.
l’utilisation de l’ordinateur et le surf sur Ils étaient également fort satisfaits de pouvoir internet. Nous pouvons donc nous attendre à faire référence à la publicité télévisée au cours une influence des publicités télévisuelles sur les de la consultation. Ce phénomène était égale- médicaments. L’Europe y échappe jusqu’à ce ment observé dans la région soumise à moins de publicité télévisée. Une influence des spots télévisuels sur le comportement du patient estdonc certaine. L’investissement est rentable :pour chaque dollar dépensé en publicité télé-visuelle, la firme engrange 1,69 dollars enretour.
(1) Minerva est une revue belge d’Evidence-BasedMedicine, indépendante des firmes pharmaceutiques,soutenue par l’Universitaire Centrum voorhuisartsopleiding et en collaboration entre les centresuniversitaires de médecine générale néerlandophoneset francophones, les sociétés scientifiques de médecinegénérale (Wetenschappelijke Vereniging van VlaamseHuisartsen et la Société scientifique de médecinegénérale) et avec le soutien du collège inter-mutualiste etdu ministère des Affaires sociales, de la Santé publiqueet de l’Environnement.
Les défenseurs de la Direct to Consumer Adver-tising se retranchent sur la valeur éducativepotentielle des spots et le « self-empowerment »du patient. Les défis éducatifs restent stérileset l’information est colorée. Le patient reçoitune information concernant les avantages maistrop peu pour ce qui est des chances limitées La bibliographie est disponible sur simple de succès. Un autre argument est avancé : le Santé conjuguée - juillet 2005 - n° 33

Source: http://www.fmm.be/docrestreint.api/588/e5965c49c8cb6ce50726032b62da9d350e8d2e82/pdf/Sc33_laekeman.pdf