Dans notre lettre de fin mars, en pleine crise nucléaire japonaise, nous écrivions que ce drame n’aurait pas d’effets importants et durables sur l’économie mondiale, ni sur les marchés boursiers. La zone de haute turbulence actuelle, liée aux dettes d’états et plus particulièrement à la situation en Grèce, est plus préoccupante. C’est à nouveau tout notre système financier qui est touché. Les banques et les assureurs sont depuis toujours les gros détenteurs des dettes étatiques en raison de la liquidité qu’offrent ces obligations d’une part et du rating de toute première qualité accordé généralement à ces dettes d’autre part. (De quoi à nouveau sérieusement remettre le rôle des agences de rating en question !) Obliger aujourd’hui les banques et les assureurs d’accepter des moins-values importantes alors que les autorités leur imposent justement de nouvelles mesures, sensées renforcer leur capital suite à la crise de 2008, n’est pas un scénario idéal. Les montants en jeu sont astronomiques.
Si l’Europe veut que la zone Euro survive, elle n’a pas le choix. Ses différents constituants vont devoir s’unir pour solutionner ce problème. Les avantages de l’euro sont tels qu’il ne nous semble pas réaliste de mettre son existence en doute. L’Allemagne et la France, dont les banques sont parmi les plus exposées aux dettes grecques, portugaises ou espagnoles, n’ont d’autres options que d’intervenir et de soutenir.
Après des décennies d’endettement, nous sommes entrés dans une ère de désendettement et d’épargne. Les gouvernements vont devoir serrer la vis en appliquant, voire en imposant, des plans d’austérité. Il en résulte qu’il faudra éviter les secteurs trop dépendants des Etats : banques, électricité, infrastructure,… .
Ce n’est pas très réjouissant tout cela, mais ce n’est certainement pas une raison pour se jeter sur une boîte de Prozac.
Différentes raisons, nous permettent de rester optimistes. En effet, nous vivons une période de révolutions technologiques inimaginable : la puissance des ordinateurs et le très grand nombre d’ingénieurs et de scientifiques sortant des universités indiennes et chinoises vont, au cours des prochaines décennies, transformer notre façon de vivre. Les spécialistes sont unanimes à dire que les avancées réalisées dans le domaine médical, informatique et autres, bien qu’impressionnantes, ne sont rien en rapport avec ce qui va suivre. D’autre part, l’émergence au niveau mondial d’une classe moyenne est un facteur dont nous avons déjà souvent parlé. Les statistiques sont impressionnantes. Enfin, les déboires que rencontrent les bourses depuis 10 ans les rendent moins chères. Toutes ces évolutions sont autant d’opportunités extraordinaires pour celui qui ose voir plus loin.
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Prenons notre portefeuille : le cours de Berkshire Hathaway (la holding de W. Buffett) n’a historiquement jamais été aussi bas par rapport à sa valeur intrinsèque. En 25 ans, Fairfax n’a été qu’une seule fois aussi bon marché et les autres assureurs spécialisés montrent également des cotes extrêmement basses, jamais atteintes auparavant. Toutes ces positions devraient valoir 30 à 50% de plus. Les sociétés pharmaceutiques sont tout aussi concernées et ont toutes baissé de façon importante. Cependant plusieurs d’entre elles sont très diversifiées et ont d’autres activités importantes. Les sociétés de grande consommation sont également très raisonnablement côtées, surtout si on tient compte des taux d’intérêts bas et du potentiel qu’offrent les marchés émergents (ou faut-il dire ex-marchés émergents ?). Le Japon, avec ses multinationales très concurrentielles, demeure la bourse la moins chère.
On parle soit de gestion ‘value’ soit de gestion ‘croissance’. Nous qualifions la nôtre de gestion ‘low expectations’. Le marché s’est totalement désintéressé de nos positions, les attentes sont très faibles et les déceptions ne pénalisent donc plus trop. Par contre à la moindre bonne nouvelle, le marché s’y intéresse à nouveau et la hausse peut dès lors être conséquente.
Les aléas rencontrés par Bekaert cette année constituent un exemple type d’une action à ‘high expectations’. La société a des résultats exceptionnels et le titre flambe de telle sorte que les investisseurs en viennent à l’idéaliser. Il s’ensuit qu’à la moindre mauvaise nouvelle la déception est telle que le titre chute sérieusement (alors que la société reste excellente). Pour l’actionnaire long terme tout ceci a moins d’importance, mais il se fait que la plupart des gens l’ont acheté en dernier recours. Ils subissent donc aujourd’hui sur cette position une perte sérieuse. On retrouve le même phénomène dans le secteur des panneaux solaires ou des turbines à vent, secteur où les attentes étaient tout aussi élevées. Le leader mondial Vestas Wind, pour ne citer qu’un exemple, a depuis son sommet déjà perdu 80% !
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