Quelques paradigmes actuels du corps et leur incidence sur

Quelques paradigmes actuels du corps et leur incidence sur
la perception de la sexualité des handicapes.
J'ai à plusieurs reprises attiré l'attention sur la façon dont la théorie psychanalytique envisage la question du corps. Je voudrais ici proposer une petite cartographie de la question, et la confronter à un débat particulièrement actuel, celui de la sexualité des personnes handicapées. Notre façon de vivre notre corps est profondément influencée par un certain nombre de paradigmes qu'il est utile de déployer, si l'on souhaite mieux saisir ce qui est en jeu dans les débats sur la sexualité des handicapés. Ces paradigmes se surajoutent bien entendu aux différents vécus individuels - à vrai dire, il n'est pas rare de voir des sujets handicapés ou leurs parents et proches osciller entre plusieurs de ces paradigmes, qui sont régulièrement déployés dans les débats publics. Nous nous contenterons ici d'en proposer une liste non exaustive, en insistant sur ceux qui nous paraissent les plus significatifs actuellement. Certains d'entre eux ont un lien extrêmement consubstantiel la question de la sexualité, pour d'autres ce lien est plus indirect. Nous tenterons, dans notre conclusion, de voir quels types de connections tendent à se faire le plus couramment. 1) Le premier paradigme recouvre les significations religieuses traditionnelles du handicap, qui varient entre diverses formes de rejet pouvant aller jusqu'à l'élimination physique (religion romaine antique), diverses formes d'assistance charitables sans connotations de relation particulière à la divinité (tradition juive de la Tsédaqa) voire une certaine survalorisation, en particulier dans le catholicisme où l'infirme est identifié au Christ, l'hôpital étant à l'époque médiévale structuré sur le modèle d'une église où tout un chacun pouvait assurer son salut en assistant les malades et les infirmes. Parmi les figures obligées de ce dernier modèle, on trouve bien entendu les nombreuses guérisons miraculeuses attribuées au Christ, et ultérieurement à tout saint personnage (la majorité des miracles reconnus par l'église -et jugés nécessaires pour proclamer qu'un personnage est bienheureux, voire saint- sont d'ordre thérapeutique), mais aussi la figure de la Mater dolorosa, toute entière dédiée aux douleurs de son fils puis à sa crucifixion, dont il est peu contestable qu'elle puisse être dans certains cas érotisée. Dans cette même tradition catholique, il n'est pas rare que l'infirme soit considéré comme un véritable "paratonnerre" pour des familles entières qui estimaient qu'il eur évitait des malheurs encore plus grands, leur permettait d'éviter certaines périodes de purgatoire, etc, ceci restant plus ou moins lié au sentiment que la présence du handicapé était la A cette positivation paradoxale et volontiers lié à des pratiques d'abnégation s'opposent d'autres lectures, lectures liant handicap et péché, voire handicap et nature diabolique, dont la plus fameuse se trouve dans les Propos de table de Luther, comme l'a signalé 2) Le second paradigme, beaucoup plus récent puisqu'il ne se met progressivement en place qu'à partir du XIXe siècle est celui du handicap, qui présente les caractéristique a) Il existerait une possibilité d'égaliser les chances, selon la notion anglo-saxonne d'"equity" au regard de la lutte pour la vie. Le modèle le plus souvent évoqué est celui des courses de chevaux, qui est à vrai dire assez éloigné de celui du handicap physique, puisqu'il s'agit dans le cas du handicap hippique de rééquilibrer les chances à chaque course en fonction de multiples facteurs dont en particulier le résultats précédents, pratique qui ne connaît aucun équivalent en ce qui concerne les désavantages humains. Ce paradigme a souvent été évoqué lorsqu'il s'est agi de revendiquer un droit à la sexualité pour les handicapés (voir plus loin le septième paradigme). b) La notion moderne de handicap suppose un désavantage stable, non susceptible de régression ou de guérison (c'est bien entendu la notion de "consolidation", c'est à dire de stabilisation dans le handicap, qui doit être démontré avant toute indemnisation), faisant du handicapé un individu distinct à la fois du sujet "normal" et du sujet malade, dans la mesure où la maladie, même si elle peut être chronique, se conçoit prioritairement en termes de processus temporalisé, pouvant soit régresser, soit provoquer une aggravation létale. Cette notion de handicap est fortement liée aux différentes formes d'Etat providence, et donc à la notion de droit social, de solidarité sociale, telle que chaque culture l'envisage de façon propre. Le cas des handicaps liés à une psychopathologie est particulièrement significatif à ce propos. Une distinction relativement classique oppose la partie "organique" du symptôme à sa partie "socialement construite"; un nombre indéterminé de handicaps, même s'ils sont souvent présentés comme "organiques", ont incontestablement beaucoup à voir avec cet aspect de "construction sociale". Ceci pour une raison simple: le très petit nombre de cas dans lesquels une explication causale peut être mise en évidence de fa çon non équivoque, dans ces types de handicaps proportionnellement importants que sont les arriérations légères et moyennes, et par contraste, la forte corrélation existant entre les difficultés socio-professionnelles et personnelles des parents d'une part et d'autre part les arriérations légères et moyennes des enfants. Il existe incontestablement actuellement toute une discussion sur la question du droit à la sexualité dans ces cas. 3) Le troisième paradigme est celui du "stigmate", particulièrement bien mis en valeur par l'école interactionniste de Chicago, et tout spécialement Erwin Goffman dans les années 1960. Il s'agit d'une part de qualifier certaines personnes comme socialement indésirables, et d'autre part de montrer que ce rejet fait lui-même l'objet d'un effacement dont la société ne garde pas mémoire, qu'elle tend à considérer comme inexistant, etc. Ce modèle a été au départ appliqué aux patients psychiatriques, puis par la suite le thème en a été repris à propos de toutes sortes de handicaps. Il y a certainement eu une certaine maladresse dans la mise en place de cette appréhension des choses - l'argument de la stigmatisation a parfois été utilisé pour justifier le mouvement d' "externements psychiatriques arbitraires" débutant en Italie et aux USA dans les années 1980 (les hôpitaux psychiatriques ont été vidés sans qu'on prévoie d'alternative, ce qui n'a fait que transformer ces patoents psy- mais il a eu néanmoins des effets positifs lorsqu'il a été repris dans les théories de l'"enpowerment" des handicapés en Amérique du Nord par la 4) Le quatrième paradigme est celui du trauma, qui, quelle que soit la version qu'on en propose, est toujours lié à la notion d'un préjudice (actuellement souvent envisagé sous l'angle de l'abus sexuel) par un tiers plus ou moins identifiable. Le cas de la lésion somatique vérifiable est relativement simple, et les systèmes de droit pénal les plus anciens lui font place, tout organe lésé devant être indemnisé par une somme fixe. La chose est évidemment beaucoup moins simple lorsqu'il s'agit d'une lésion qui est avant tout psychique - c'est par exemple le cas actuellement du viol en Droit fran çais. Jusque ces dernières décennies, quatre grands types de traumas étaient reconnus. Les névroses traumatiques des transports, apparues avec le chemin de fer ("railway spine") ont déjà donné lieu à des discussions byzantines chez les neurologues à la fin du XIXe siècle pour savoir si l'absence de lésions visibles à l'autopsie devait être interprétée comme indicatrice de troubles purement psychiques voire de simulation, ou si l'insuffisance de l'instrumentation était la seule raison pour laquelle des lésions restaient inapparentes. L'appréhension des névroses de guerre a de son côté oscillé entre des conceptions et des pratiques plus que vigoureuses dans lesquelles la notion de simulation était au premier rang, et, beaucoup plus récemment des lectures beaucoup plus charitables donnant lieu à des pensions d'autant plus généreuses. La notion de sinistrose, en revanche, appliquée d'emblée à des travailleurs immigrés, est restée largement péjorative, et sa traduction allemande, "Renteneurose", indique bien qu'on ne continue à y voir qu'une sorte particulière de revendication qui n'est pas forcément justifiée. C'est aussi le cas des "psychoses carcérales", troubles plus ou moins délirants apparaissant lors d'une incarcération, qui très majoritairement jusqu'à aujourd'hui sont envisagés sous l'angle de la simulation. En fait, les choses ont très nettement basculé à partir du moment où le statut de victime a pris une véritable consistance - une étape particulièrement importante en a été le procès de Nuremberg - et on a vu, à propos du handicap, tenir des discours assez a) Les travaux empiriques sur l'attachement, progressant régulièrement entre les années 1930 et 1960, insistaient particulièrement sur les notions d'abandon et de maltraitance en milieu familial, et plus secondairement d'abus sexuels en mettant en évidence un certain nombre de cas aboutissant à des handicaps. Ces travaux, prolongés par des recherches montrant la très forte corrélation d'arriérations moyennes et avec un milieu social défavorisé ont connu de très vives critiques au cours des années 70-80, où ils ont été recouverts par des discours tentant d'insister sur l'influence de la génétique voire b) Lors de cette deuxième période à partir des années 1970, on a vu apparaître une nouvelle figure de la victime, en la personne des parents. Les expressions comme "porteur sain d'anomalie génétique", sont alors devenues populaires, ainsi que les accusations faites aux professionnels de santé mentale de "victimiser les parents", soit en cachant les résultats de recherches neurologiques ou génétiques (souvent imaginaires hélas), soit en "culpabilisant les parents", dans une référence plus ou moins claire aux modèles religieux. Il s'agissait alors d'insister sur une "naturalisation" du handicap et de dénier au maximum la dimension de construction sociale qui aurait pu l'affecter. Du même coup, le modèle de l'attachement était critiqué, soit directement, soit par l'intermédiaire de la psychanalyse, qui avait depuis le départ entretenu des rapports de c) Ces dernières années, un mouvement inverse apparaît: si les "promesses de la génétique" marquent le pas en ce qui concernent des troubles invalidants comme la psychose maniaco-dépressive, la schizophrénie ou l'autisme -la notion de gène se trouvant elle-même de plus en plus contestée au profit d'explications concurrentes incluant beaucoup plus l'environnement, par exemple dans le domaine de la protéomique - des syndromes agressifs comme le syndrome du "bébé secoué", plus encore les accidents précoces de type "mort subite du nourrisson" sont présentés comme liés à des carences parentales voire des violences et comme devant faire l'objet de prévention - c'est le cas dans le dernier rapport concernant la nouvelle loi d'orientation de la Santé en France. Parallèlement, les recherches sur l'attachement connaissent actuellement une croissance - au moins quantitative - considérable. Diverses tentatives visant à montrer que des pathologies invalidantes comme l'autisme et la schizophrénie pourraient être le résultat d'abus sexuels ont été proposées sans emporter guère la conviction. Il est à noter en effet que la notion d'abus sexuels très fortement popularisée par la presse connaît dans le domaine de la psychopathologie une fortune différente puisqu'on considère qu'environ 25 % des personnes ayant été victimes de tels abus présenteraient ultérieurement des troubles psychopathologiques d'intensité 5) Le cinquième paradigme est celui du corps héroïsé, celui de la prise de risque, tel qu'il est promu par certaines conceptions -plus implicites qu'explicites- du sport: il s'agit d'un corps qui serait capable, soit à la suite d'exercices spéciaux, soit à la suite de modifications techniques ou scientifiques, d'atteindre des performances hors du commun. Il ne faut pas négliger à ce propos que l'avènement du sport moderne, même s'il a été promu à la fin du XIXe siécle par P de Coubertin au rang de régulateur des conflits entre les peuples, a été strictement contemporain de l'apparition de substances dopantes particulièrement efficaces telles la cocaïne, l'héroïne, dont on attendait au départ qu'elles soient de véritables médicaments universels. Dans ce registre, le corps handicapé est souvent perçu comme situé dans une négativité capable de se muer en positivité: par surcompensation, par une vie faite d'efforts, d'entrainements successifs, de surpassements, le handicapé est présenté comme susceptible d'atteindre des performances enviables. N'oublions pas que notre société promeut encore très largement, ne serait-ce que par les publicités automobiles, l'exploit qu'on réalise en dépit Ici deux domaines doivent être distingués, en fonction de la distinction classique entre le corps comme assemblage d'organes et le corps comme mis en forme par le a) Du côté des organes comme instruments: la recherche actuelle promeut des appareillages de plus en plus sophistiqués, où il ne s'agit plus seulement de réaliser un membre artificiel qui vient prolonger le mouvement d'un moignon, ou être mu mécaniquement par d'autres organes. On voit de plus en plus apparaître des appareillages sensoriels qui ne sont plus des remplacements d'un organe des sens par un autre à un niveau très périphérique comme par exemple le toucher vient remplacer la vue dans la les machines perspectives de la Lettre sur les aveugles de Diderot et dans l'alphabet de Braille, mais on voit aparaître des techniques d'implantation très centrales du point de vue neurologique, le branchement d'un appareillage sur des neurones sensoriels du néocortex permettant, via ordinateur, de rétablir une communication inenvisageable jusqu'alors. Ici le débat essentiel se fait entre les modifications "cosmétiques" du corps et les véritables appareillages fonctionnels. Cette distinction ne va pas de soi, l'usage de certains produits psychotropes, par exemple la Ritaline (produit prescrit pour traiter les Troubles de l'attention-hyperactivité), ayant été présenté comme "cosmétique", comme des "stéroïdes psychiques" au même titre que certaines opérations chirurgicales plastiques sont présentées comme indispensables dans certains milieux professionnels. On sait par ailleurs que des produits comme le Viagra (dont le nom a été construit par assonance avec "Niagara", une destination classique pour les lunes de miel en Amérique du Nord) sont alternativement présentés comme un appareillage nécessaire b) Du côté des modifications au niveau "central". Toute une série de découvertes récentes, dans le domaine des manipulations génétiques, du renouvellement cellulaire des neurones, semblent promettre des modes d'amélioration ou de guérison auparavant inenvisageables, sans que des traitements opérationnels ne soient encore au point. D'une façon plus ou moins justifiée, ces modes opératoires font évoquer olontiers des fantasmes faustiens, voire des réalisations du mythe du Golem (Heidegger évoquait à son époque la révolution technocratique qu'allait provoquer selon lui la "formule de Schrödinger"). La génétique moléculaire a longtemps alimenté ce paradigme lorsque les gènes étaient per çus comme des sortes d'"écritures du vivant" dont des modifications pourraient avoir des effets sur des fonctions très différenciées. La controverse sur le gène du langage, dont le défaut provoquerait un handicap électif, en est un bon exemple. Il s'agit néanmoins d'un modèle maintenant assez largement dépassé, la notion de gène se trouvant actuellement critiquée au profit de concepts plus complexes – même s'il est encore dominant en tant que mythe social. 6) Le sixième modèle est celui du corps répertorié. Il s'agit ici des applications informatiques de ce qui était auparavant réalisé par une travail d'archivage, de mécanographie, etc. Classiquement, une telle accumulation de savoir pose des roblèmes de confidentialité, auxquels les différentes sociétés ont réagi de fa çons extrêmement diverses. Il est notoire que les pays scandinaves, par exemple, sont beaucoup moins allergiques l'enregistrement de données personnelles de leurs population (l'exploitation de l'ensemble des patrimoines génétiques de la population islandaise a été confiée une société privée; un travailleur social devant prendre une décision sur un citoyen Danois peut actuellement avoir accès à l'ensemble de ses dossiers médicaux et sociaux en quelques jours) que ne l'est la France. Il en existe plusieurs versions. Les compagnies d'assurances, par exemple s'intéressent avant tout aux conséquences financières des "facteurs de risques", facteurs actuellement très largement hypothétiques dans la plupart des cas, alors que la recherche médicale ou psychologique aura besoin de travailler sur des paramètres incomparablement plus larges en acceptant leur nature hypothétique. Le débat récent sur l'opportunité du dépistage systématique du cancer du sein a bien rappelé à quel point des logiques antagonistes s'affrontaient. Il n'en reste pas moins que dans ce domaine, on ne peut qu'être partagé entre l'intérêt de pouvoir exploiter à des fins médicales bénéfiques des banques de données offrant un large spectre d'indices, et d'autre part la crainte que des décisions administratives ou politiques défavorables ne soient prises à l'égard de populations fragiles. Mais bien entendu cette figure du corps répertorié peut également donner lieu à un vécu persécutif plus ou moins érotisé, et elles fournissent un matériel abondant aux délires psychotiques, voire plus largement aux 7) Septième paradigme: le corps sexué. Deux aspects fortement contradictoires sont ici à évoquer. Lorsqu'on considère la sexualité sous l'angle spécifique de la continuation de l'expèce, on tend à envisager de fa çon négative les rapports entre sexualité et handicap, et à se référer, plus ou moins explicitement d'ailleurs, à quelque forme d'eugénisme. Il existe incontestablement des liens historiques fort embarrassants entre eugénisme et prise en compte de la sexualité des handicapés. Seule une partie de ces liens est vraiment connue: celle qui concerne les mesures prises dans le domaine Nordique, anglo-saxon et germanophone à propos de ce que le psychiatre Hoche a nommé en 1918 les "existences de ballast" et les "existences qui ne sont pas dignes d'être vécues", et qui selon lui devaient être supprimées de peur d'infecter le corps social (il ne précise pas comment, mais semble vouloir dire par des contacts sexuels). Les mesures en question concernent soit le domaine des avortements thérapeutiques, des infanticides ou même à partir des années 1930 en Allemagne, des expérimentations diverses se terminant par l'élimination (notamment sous la direction d' E Rüdin et Carl Schneider à Heidelberg). Aussi désagréable cela puisse-t-il être, force est de reconnaître que beaucoup du vocabulaire de cette époque nous est resté, et que les décisions de "débranchement" d'enfants lourdement handicapés sont encore actuellement prises à partir de notions En ce qui concerne la question de la stérilisation de sujets handicapés, il existe une ambiguïté concernant le but recherché: si d'un côté le voeu d'éviter la naissance d'une descendance qui se trouverait dotée de malformations ou de handicaps, dont les difficultés retentiraientgravement sur leur entourage, etc. est souvent exprimée dans la littérature, il existe également des allusions (notamment chez E Bleuler) au rôle thérapeutique que pourrait jouer la stérilisation, et il est possible que ceci doive être rapproché de certaines demandes de la part de sujets transsexuels, dont la littérature spécialisée ne garde guère de traces bien différenciées avant le début du XXe siècle. Quoi qu'il en soit on sait que ces pratiques de stérilisation sont restées pratiquement systématiques dans un pays comme la Suède jusqu'au début des années 1970, et que le débat sur ces pratiques est encore très vivace en France actuellement. En revanche, les choses se passent fort différemment si on envisage la sexualité sous l'angle du droit au plaisir, con çu de fa çon fort classique en France comme un droit inaliénable de la personne dans sa vie privée. Rappelons que cette notion, loin d'être, comme on le croit souvent, une invention de Wilhelm Reich ou de la "pensée 68" (selon une expression lancée par le philosophe néo-libéral Luc Ferry), apparaît dès la fin du XVIIIe siècle dans le courant sensualiste, le plus souvent comme une conséquence de ce qu'on a appelé "religion naturelle", doctrine selon laquelle Dieu ferait preuve d'une certaine discrétion depuis la création du monde, s'absenant de faire des miracles trop fréquents, laissant à l'homme un large champ pour aménager la nature en fonction de son ressenti intérieur, lequel se trouve valorisé dans sa sensibilité singulière. La façon dont Cambacérès a veillé à ce que le législateur protège la vie privée est incontestablement une continuation de ce courant. Citons-en un exemple aussi frappant que récent: on peut lire ainsi dans le journal Le Monde du 22-10-2002 qu'un directeur de recherche du CNRS, tétraplégique, "raconte courageusement ses premiers émois et son syndrome de Peter Pan". Ce chercheur indique avoir oscillé entre une demande de médicaments psychotropes visant à supprimer ses désirs sexuels et l'usage du Viagra à des fins inverses. Il se fait porteur d'une revendication soutenue par certains milieux sexologiques, appelant des volontaires à aider les handicapés à se satisfaire sexuellement. Cette revendication est d'autant plus frappante que la même semaine, le ministre de l'Intérieur lançait des mesures visant à réprimer le raccolage prostitutionnel. On le voit: la question du lien entre sexualité et handicap est actuellement représentée par des paradigmes très fortement contradictoires, cette diversité étant certainement liée à la diversité des options disponibles. Il semble évident que plus le handicap est envisagé en tant que charge pour la société ou les proches, plus la sexualité du handicapé est envisagée sous l'angle d'une restriction ou de mesures de stérilisation plus ou moins brutales, qui tendent à se confondre avec le paradigme du corps répertorié. En revanche, si le handicap est envisagé sous l'angle du droit à l'équité des chances, la question du droit à la sexualité est posée, et ceci d'autant plus que le modèle dominant du corps héroïsé s'impose socialement. On doit également noter la très forte proximité entre le paradigme du trauma (concept à la fois clinique et très proche de la notion jurdique de lésion et la question du handicap, qui a incontestablement été influencée par les modèles juridiques très "accusatoires" anglo- Bibliografía
⇒ Sauvagnat, F. et. al. Fundamentos de psicopatología psicoanalítica. Madrid, ⇒ Sauvagnat, F. Divisions subjectives et personnalités multiples. Rennes, Presses ⇒ Sauvagnat, F. y Sauvagnat R. "La question de l'inexistence du corps: à propos du vitalisme" en Trames, actualité de la psychanalyse, n. 30-31, Abril 2001, págs. 151- ⇒ Sauvagnat, F. « Actualité de la médecine basée sur les preuves » en La Cause freudienne, Nouvelle revue de psychanalyse, n°.57, págs. 102-106. ⇒ Sauvagnat, F. "Une entité controversée: L'hyperactivité avec troubles déficitaires de l'attention", en La petite girafe, Revue du Centre de Recherche sur l'enfant dans le ⇒ Sauvagnat, F. "La psychopathologie saisie par les mythes", en Le mythe: pratique, récit, théorie (Zafiropoulos, M. et Boccara, M.). Volume IV. Paris, Anthropos, ⇒ Sauvagnat, F. "Det ubevidste er kroppen", en De fire grundbegreber-om Lacan:"Psykoanalysens fire begreber" (L'inconscient c'est le corps, in Les quatre concepts fondamentaux - à propos des quatre concepts fondamentaux de J Lacan; en idioma danés) Rasmussen, R. et Thambour, T., Forlaget politisk revy, ⇒ Stiker, H. Corps infirmes et société. Paris, Dunod, 1997. Con un estilo claro y preciso, el autor desarrolla un tema de gran interés y nos plantea una cuestión: la sexualidad de los discapacitados. Subraya algunos paradigmas del cuerpo, tales como la religión, la equidad, el estigma, el trauma, el abandono, el maltrato, el cuerpo sexuado y sus incidencias sobre la percepción de la sexualidad. Nos propone, además, trabajar sobre la cuestión y confrontarla a un debate particularmente François Sauvagnat
Doctor en Psicología. Profesor Titular de Psicopatología de la Universidad de Rennes-II & CNRS, Francia. Maître de Tesis Universidad De Rennes-II & CNRS, Francia. Asesor Externo de la Maestría en Psicoanálisis de la Universidad Argentina. John F. Kennedy.

Source: http://www2.kennedy.edu.ar/departamentos/psicoanalisis/articulos/quelquesparadigmesactuels.pdf

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